Nombre d’indices, notamment les nombreuses graines retrouvées sur un site en Israël, suggèrent que les chasseurs-cueilleurs du Proche-Orient ont domestiqué les céréales au cours des dix millénaires qui ont précédé l’avènement du Néolithique il y a 10 000 ans. Toutefois, une équipe franco-turque de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale de l’Université d’Aix-Marseille, vient de prouver qu’une sélection naturelle des graminées a précédé la sélection humaine qui a conduit aux céréales que nous consommons !
Un indice a mis les chercheurs sur la piste : des spores de champignons coprophiles, qui se développent sur les excréments de grands mammifères.
Leur présence suggère que de grands herbivores consommateurs de graminées – des fossiles de bovidés, d’équidés et de chameaux ont par ailleurs été retrouvés sur le site – ont exercé une pression de sélection sur les graminées sauvages. Leur broutage aurait favorisé celles qui se reproduisent davantage grâce а des grains de pollen plus nombreux, mieux protégés et plus aptes а féconder. Les constatations faites par les chercheurs prouvent que ces mutations s’étaient déjà largement produites il y a quelque 2,3 millions d’années, ce qui n’est pas étonnant car les grands herbivores existent depuis bien plus longtemps…
Ce ne serait donc pas l’humanité qui est а l’origine des graminées à grandes graines, mais la coévolution des graminées avec les herbivores…