Le diable au Moyen Âge

Le monde infernal devient envahissant à la fin du Moyen Âge. Le diable, caché partout, semble parfois déborder sur terre en ces temps de catastrophes et de bouleversements marqués par les guerres, pestes, famines, révoltes, manifestations de satanisme, contestations sociales et religieuses. 
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Le monde infernal devient envahissant à la fin du Moyen Âge. Le diable, caché partout, semble parfois déborder sur terre en ces temps de catastrophes et de bouleversements marqués par les guerres, pestes, famines, révoltes, manifestations de satanisme, contestations sociales et religieuses. 

Au début du XIIe siècle, une sorte de révolution dans la théologie et la philosophie prend forme. Avec l’expansion du christianisme et la chute progressive des cultures païennes locales, la société occidentale développe une certaine culture de la honte et de la culpabilité. 

Un siècle plus tard, le diable reprend vite du poil de la bête et sa crainte connait une importance croissante. La grande peur médiévale du Diable devient à la fois trouble de l’âme et crispation de la chair. Au XIIIe siècle, la croyance au diable et à l’enfer devient article de foi, une vérité indiscutable, et fait partie intégrante du quotidien de la vie morale. 

Diffusion savante de la représentation diabolique 

Le nouveau statut du diable et des démons dans la culture savante trouve sa traduction dans les représentations littéraires, didactiques, iconographiques. Les descriptions érudites envahissent progressivement le monde des élites sociales. La plupart d’entre elles trouve leurs sources dans les prophéties apocalyptiques de Joachim de Fore à la fin du XIIe siècle. 

Diffusée dans toute l’Europe par l’imagerie gothique anglo-normande, puis revivifiées par les scènes infernales de Dante ou peintes par les plus grands artistes italiens du quattrocento, et sont reprises massivement. Le phénomène s’accentue vigoureusement lors du passage à l’imprimerie et du développement de la gravure. 

Singe, crapauds et serpents, symboles de la mort et du diable, étaient plus souvent représentés les miniatures. Du XII au XVe siècle, les marges des ouvrages donnent une place privilégiée à ce sujet d’écriture. 

Du serpent, on passe aux vers, et de façon générale, à tout ce qui rampe. Au Xe siècle, Raban Maur note que « la chenille peut symboliser le diable qui ne cesse de nuire par de détestables suggestions et de détruire par des vices pernicieux les germes des vertus qui croissent en l’homme » 

Jérôme Bosch puise aussi dans ce bestiaire médiéval les formes et les symboles de sa célèbre peinture. Reptiles, insectes, animaux nocturnes, démons hybrides, grylles maléfiques, Satan à tête de chien etc. Un véritable théâtre démoniaque ! 

Jérôme Bosch, Le Jardin des délices (détail)
entre 1494 et 1505

Lutter contre le diable 

Au Moyen-Age, la peur de ce Diable malveillant et vicieux est réelle, mais pas question de rester sans rien faire ! Pour apaiser leur crainte, les chrétiens s’amusent et ridiculise leur plus grande peur en la rendant irréelle en se racontant des histoires drôles. 

L’arme employée contre la terreur diabolique est le comique. Le Moyen-Age a créé un Diable ridicule. Les auteurs ont tempéré d’un peu de « blague » le frisson de l’épouvante en faisant la caricature de l’Ange rebelle. 

Les auteurs, peintres, artistes, lui prête une laideur monstrueuse, mais aussi une laideur grotesque : de grandes cornes, une trop longue queue, un visage crochu… Ces images mixtes du Diable, à la fois effrayant et comique, se rencontrent surtout dans l’iconographie théâtrale des fabliaux et des mystères. 

La diabolisation de la mort 

Pour certains chrétiens, la mort serait née grâce à la victoire de Satan qui a montré à Dieu que ses créatures pouvaient aisément céder aux tentations, quitte à enfreindre ses commandements et à engendrer sa colère. La mort devient une des facettes du diable. 

Dans La Légende dorée, Jacques de Voragine montre Satan, roi des démons, les chargeant de causer toutes sortes de maux aux hommes. 

De façon générale, on peut dire que rien dans la société médiévale n’existe sans cause. Le recours au surnaturel donnant un sens à tout, le moindre phénomène prend alors une signification, devient un signe, un avertissement. 

Fièvres et maladies sont en rapport avec les démons. Cas plus dramatiques encore, les démons sont responsables des épidémies annoncées elles- mêmes par des phénomènes naturels anormaux : éclipses, comètes, météores, tous signes avant-coureurs du châtiment divin. La maladie est finalement un avant-goût de l’enfer. 

Emmanuelle Alavoine
Emmanuelle Alavoine
Journaliste amoureuse de la peinture expressionniste et pro dans l’art de se perdre dans les allées des musées. Toujours présente aux concerts de chanteuses mélancoliques et autres rockeurs kitsch. Débattre inlassablement et refaire le monde autour d’un verre de vin, vous dites ? Je suis partante !
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