Nous sommes en juillet 1799. L’Egypte est parcourue dans toute sa longueur par l’expédition de Bonaparte, arrivée le 19 mai 1798, et constituée de 167 savants et scientifiques experts dans tous les domaines : mathématiques, botanique, chimie, architecture… Ils composent la Commission des Sciences, chargée d’étudier l’Histoire, la faune, la flore, les minéraux, bref, de dresser un inventaire exhaustif de l’Egypte.
Pendant ce temps, les soldats de Bonaparte s’occupent en réalisant quelques travaux d’aménagement. C’est ainsi que, lors de travaux de terrassement du fort Julien, dans le port de Rosette (aujourd’hui Al-Rachid), situé dans le nord de l’Egypte, le lieutenant Bouchard exhume un ancien mur, dans lequel est enfoncé un gros bloc de pierre noire, recouvert d’inscriptions.
Après une rapide analyse, on se rend compte qu’il s’agit d’une stèle en basalte, mesurant l’équivalent d’un dessous de table, et de 30 cm d’épaisseur. Le plus intéressant est la surface de cette pierre, pleine de symboles énigmatiques. Les officiers pressentent la valeur de l’objet, et le font transporter au Caire.
Il faut donc maintenant la déchiffrer, mais là, c’est un mystère.
Commence alors une véritable course internationale au déchiffrement des hiéroglyphes. Tous les érudits européens comprennent qu’ils doivent faire correspondre les mots grecs et les mots égyptiens.
Mais ils ne sont pas les premiers à tenter de déchiffrer les hiéroglyphes. Clément d’Alexandrie avait déjà distingué les 3 écritures au IIIe siècle. Et, en 1754, l’abbé Barthélémy avait énoncé une méthode pour déchiffrer les langues antiques et oubliées. Il avait réussi à lire un cartouche royal en 1761.
Les frères Champollion
Le physicien Joseph Fourrier, préfet de l’Isère, l’un des plus grands savants de l’époque. Il est intarissable sur l’expédition d’Egypte. Et pour cause : il faisait partie de l’équipe de savants emmenés par Bonaparte ! Mieux : c’est l’ancien directeur de l’Institut égyptien, créé par le futur empereur.
Cela tombe bien : Jacques-Joseph Champollion, son secrétaire, s’intéresse énormément à cette campagne et aux travaux colossaux réalisés par la Commission. A distance, il initie son frère man François à l’étude du Proche Orient et des langues anciennes par son impressionnante correspondance épistolaire.
En secret, il entretient un espoir fou : et si c’était à son frère, aux dons hors du commun, qu’il revenait de résoudre le mystère des hiéroglyphes ?
Les signes alphabétiques égyptiens, sur la pierre de Rosette, servent à reproduire les sons de la langue grecque, de la même manière que certains utilisent, de nos jours, l’écriture phonétique pour prononcer un mot de langue étrangère de manière exacte.
Champollion va bien plus loin que ses concurrents dans la lecture des hiéroglyphes. Il amasse des documents épigraphiques afin de récolter le plus de signes possibles.Un jour, il tombe sur le croquis d’un obélisque, sur lequel il repère un cartouche. Surprise ! Celui-ci renferme le nom d’un autre pharaon grec : Cléopâtre, en grec KLEOPATR.
Il ira si loin dans ses recherches qu’il sera le premier à poser un sens aux signes hiéroglyphiques.
