Judaïca, La saga des israëlites revue par l'archéologie #2 - Une origine mystérieuse

Pendant longtemps, on a cru que les Israélites étaient un peuple venu d’Égypte, libéré par Moïse, qui aurait conquis la Terre promise sous la conduite de Josué.
Mais les découvertes archéologiques récentes racontent une tout autre histoire. Ce que l’on voit, ce n’est pas une invasion brutale, mais l’installation progressive de petits groupes de nomades dans les montagnes de Canaan, à partir du XIIe siècle avant notre ère.
Ces nomades vivaient auparavant dans le désert, entre transhumance et agriculture saisonnière. Peu à peu, ils défrichent, cultivent, construisent des maisons de pierre, élèvent du bétail, fondent des villages, et deviennent sédentaires.
L’archéologie montre que ces villages sont très modestes : pas de palais, pas de temples, pas de fortifications, aucune trace d’armes ou de luxe. Juste des maisons sobres, de la vaisselle utilitaire, des silos à grains et des outils agricoles. Une société rurale, égalitaire, pacifique. Rien ne correspond à l’idée d’un peuple conquérant.
En fait, ces nouveaux arrivants sont sans doute des Cananéens eux-mêmes, fuyant les cités de la plaine devenues trop dures, trop inégalitaires, trop taxées. Ils se réfugient dans les hauteurs et se reconstruisent, loin du pouvoir. Ce sont eux, les premiers Israélites.
Ces populations passent par plusieurs cycles : parfois sédentaires, parfois de nouveau nomades en cas de crise. Et malgré des ressemblances très fortes avec leurs voisins – les Moabites, les Ammonites, les Édomites – un détail va les distinguer : ils ne mangent pas de porc. C’est la seule trace claire d’une identité culturelle partagée dans cette société en formation. Bien avant le monothéisme, bien avant les récits de l’Exode, c’est cette pratique alimentaire qui forge peu à peu une conscience collective.
Mais cette société naissante ne vit pas en paix très longtemps. Elle doit faire face aux Cananéens, puis aux Madianites venus de l’est, et enfin aux redoutables Philistins venus de la mer Égée. Ces derniers, armés de technologies nouvelles, imposent leur domination sur toute la région. Face à eux, les tribus israélites, dispersées et sans chef, sont impuissantes. C’est cette menace qui les pousse à s’unir. Ils élisent un roi : Saül. C’est le début de la royauté israélite.
L’histoire que racontent les fouilles est donc très différente de celle que l’on lit dans la Bible. Pas de conquête miraculeuse, mais un enracinement lent, pragmatique, douloureux parfois.
Un peuple qui naît non dans l’héroïsme des batailles, mais dans l’effort patient de la terre et la résistance quotidienne aux puissants. L’épopée d’Israël commence dans le silence des collines.